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Les huissiers de justice ont réagi un peu plus tardivement que les notaires mais les ont grillé sur le fil en réussissant à mobiliser leur troupe avant eux.

C'est donc ce jour, 15 septembre 2014, que les huissiers de justice protestent (je n'utiliserai pas le terme "grève" que j'estime impropre, et à réserver aux revendications des salariés).

Pour les notaires, ce sera un peu plus tard.

On peut s'étonner que les deux professions n'aient pas uni leur force, étant tous deux officiers ministériels.

Cela étant, il semble d'usage de faire cavalier seul. D'ailleurs, en 2008, lorsque les avoués étaient menacés, les notaires, par la voie de leur représentant de l'époque, Monsieur REYNIS, n'avaient pas trouvé mieux que de saluer la réforme envisagée... Il est vrai que le judiciaire, et le rôle de l'avoué, les notaires en avaient une parfaite connaissance, et il leur est apparu logique, "pour une meilleure visibilité", de supprimer cet officier ministériel complètement inutile. Certains ont vu, dans ces déclarations, une façon pour les notaires de voir le Gouvernement se faire les dents ailleurs que sur eux. Mais ce sont les mauvaises langues qui disent cela... Il ne s'agissait que de convictions de leur part concernant un système judiciaire devenu désuet.*

Pourquoi pas une grande profession qu'aurait été l'officier ministériel ? Mais c'est trop tard !

Les notaires ont fait le choix de manifester. C'est vrai qu'ils sont potentiellement très nombreux, le nombre de salariés étant élevé. Reste à savoir si cette profession aura le soutien de tout son personnel, lequel ayant pu peut-être se sentir un peu malmené dans un autre temps. Surtout, certains notaires assistants ou salariés, les premiers clercs et ceux qui ont la signature - et le contact avec le client - peuvent voir comme une aubaine la possibilité qui leur serait offerte de s'installer librement, sans bourse délier, après avoir ramé pour tenter vainement de devenir notaire en titre.

C'est certainement là que le bât blesse.

D'ici à ce que les salariés organisent une contremanifestation qui serait du plus mauvais effet pour la profession...

A priori, pas de mouvements dans la rue pour les huissiers, mais un refus de délivrer des actes, ce qui est tout de même contraire aux obligations nées de l'office ministériel. Mais compte tenu du contexte, il est aisé de comprendre cette action des huissiers de justice. En leur temps, les avoués avaient demandé la radiation des affaires... ce qui n'a absolument servi à rien, et étaient au demeurant préjudiciable à l'activité même de l'avoué.

Reste à voir quelles seront les conséquences de ces actions qui risquent fortement d'être symboliques, le Gouvernement semblant vouloir mener les réformes à leur terme, et rapidement.

 

 

* pour être complet, il faut rappeler que, alors que les notaires appuyaient officiellement sur la tête des avoués condamnés, les huissiers de justice quant à eux avaient pris une option très différente, et des huissiers de justice avaient alors défilé aux côtés des avoués, lorsque la profession d'avoué avait manifesté à Paris, en 2008

Auteur: 
Christophe LHERMITTE

Commentaires

Un peu de répit pour les huissiers et les notaires . La grande réforme annoncée est renvoyée au printemps 2015 et le gouvernement ne procèdera pas par ordonnance comme annoncé précédemment mais par le dépôt d'une loi au Parlement (engagement pris le 17 septembre 2015 par le Ministre de l'Economie puis par le Premier Ministre .
Une agonie qui peut se révéler longue et préjudiciable aux cessions d'offices .Gageons que les plus âgées
ne cherchent à faire accélérer les choses (tiens cela ressemble à ce qui s'est passé pour une profession à présent disparue ...) C'était déjà le cas pour les avoués d'instance . La méthode est éprouvée.