Daumier 0001

Petite anecdote, pour rebondir sur un article récent sur la plaidoirie.

Il s'agit d'un dossier concernant une promesse de vente n'ayant pas été menée à son terme, les vendeurs n'ayant pas voulu donner suite après avoir été informés de l'existence d'une servitude de passage.

Tout avait été dit dans les conclusions - et même trop, surtout de mon côté, mais ça, c'est une autre histoire - et, comme intimé bénéficiant d'un jugement favorable, j'avoue que je ne voyais pas trop l'intérêt de plaider. J'étais donc partisan pour déposer sans plaider.

En quoi mes observations orales allaient être utiles au magistrat ? C'est précisément ce que je disais au postulant de la partie adverse.

Que vais-je apporter de plus à mes conclusions ?

Mais come l'avocat plaidant de l'appelant plaidait, je me suis aligné sur sa position.

Et bien m'en a pris.

Rapidement, l'audience a pris un tour assez inattendu.

Et de plaidoiries classiques attendues, l'échange est devenu immédiatement interactif, entre le magistrat - qui évidemment connaissait le dossier - et les deux avocats des parties opposées.

Le magistrat intervenait, rebondissait sur ce que disait la partie, posait des questions, et nous y amenions les réponses, à tout le moins lorsqu'il y avait une réponse à donner.

Exactement le genre de plaidoiries qui sert à tout le monde, et au dossier.

Le magistrat a eu ses réponses, ou les absences de réponses qui peuvent en dire beaucoup, ce qui lui a permis de consolider ce qu'il avait appréhendé de l'affaire en prenant connaissance des "dossiers 912".

Plaider ainsi, c'est vraiment très intéressant, pour les avocats et très certainement aussi pour le magistrat.

De plus, les plaidoiries ne s'éternisent pas, et personne ne s'ennuie.

Autre avantage, ces échange donne des impressions d'audience différentes.

On ressort satisfaits de cet échange, et on se dit que personne n'a perdu son temps, ce que je craignais pourtant.

 

 

 

Auteur: 
Christophe LHERMITTE