Alors que le législateur s’attache à moderniser la justice, avec le projet de loi de modernisation de la justice du 21e siècle #J21, ne faut-il pas également repenser la place de la plaidoirie dans notre système judiciaire, et la rendre plus utile, plus efficace et plus adaptée à ce que doit être la justice de demain ?

 

Quelques réflexions sur la plaidoirie, réflexions nécessairement influencées par la qualité d'ancien avoué de cet avocat récemment converti à la profession.

Il est vrai que comme avoué, nous avions aussi des dossiers en direct, dans lesquels nous concluions sans qu'il y ait un avocat.

Et même si un vieux texte, oublié par beaucoup, de 1816, nous donnait la possibilité de plaider, jamais nous ne le faisions. D'une part, ce n'était pas dans notre complexion, et d'autre part, ce texte n'était pas toujours connu.

Et lorsque nous remettions notre dossier au président à l'audience, sans le plaider, nous n'avions pas l'impression qu'il nous manquait quelque chose pour finaliser notre intervention. Aucune frustration n'était ressentie par le fait de ne pas plaider. Et jamais nous n'avions le sentiment que le jugement aurait été différent si nous avions soutenu oralement notre argumentation écrite.

Et aujourd'hui, je suis dans le même étant d'esprit, et les décisions rendues dans les affaires dans lesquelles je n'ai pas plaidé le fond ont pour effet de me conforter.

 

... j'entends bien que nombreux seront les confrères qui auront une vision différente, voire radicalement différente.

Et c'est tant mieux, car c'est ainsi que naît l'échange, la contradiction, qui ont toujours fait avancer les choses.

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L'article peut être téléchargé directement via le site de la Gazette du Palais en cliquant ici.

Auteur: 
Christophe LHERMITTE

Commentaires

oui, ce blog est une mine d'or !

PS : pour nous les plaideurs, dans la procédure écrite, on ne voit pas l'intérêt d'une plaidoierie. Je préfère que mon Avocat se concentre sur mes écritures et les délais.

les juges savent lire, non ?...

Merci pour la mine ;-)

Et effectivement, les juges savent lire.

Il y a deux jours, je plaidais (sur le fond, pas sur un incident), et j'ai tout de suite dit au magistrat que je n'entendais pas l'assommer en plaidant sur les désordres. Mais je pense que ma plaidoirie a été d'une certaine utilité car j'ai seulement rappelé le contexte. Ma plaidoirie a été plutôt courte, mais il faut aussi faire avec l'attention qu'un magistrat peut apporter, même si je dois saluer que le magistrat, qui entendait des avocats depuis 3 trois heures, et qui pourtant continuait à être présent, et à écouter.

S'il faut privilégier un support, ce sont bien les conclusions écrites. De mauvaises conclusions ne seront jamais sauvées par la meilleure plaidoirie du monde, alors qu'une mauvais plaideur est rattrapé par ses conclusions si elles sont parfaitement motivées et argumentées.

Cordialement,

CL

j'apprécie le sérieux de votre site et les informations précieuses qu'il nous procure